LE THIANT DANS LA TRADITION PROPHÉTIQUE

Serigne Saliou enseigne à Serigne Béthio que pour rendre grâce, il faut donner à manger. Les modalités du thiant sont bien présentes dans le Coran, mais il faut un œil averti pour le desceller. Suivant l’injonction faite par DIEU au prophète David, la Hamdala : la formule Alhamdoulillah, ne suffit pas pour rendre grâce. Il faut poser des actes : « Nous vous avons désigné les chameaux (et les vaches) bien portants pour certains rites établis par ALLAH. Il y a en eux pour vous un bien. Prononcez donc sur eux le nom d’ALLAH, quand ils ont eu la patte attachée,(prêts à être immolés). Puis lorsqu’ils gisent sur le flanc, mangez-en, et nourrissez-en le besogneux discret et le mendiant. Ainsi Nous vous les avons assujetti afin que vous soyez reconnaissants ». Pèlerinage verset 36

La tradition prophétique souligne également l’importance de donner à manger. Un jour un homme demande au Prophète MOUHAMMAD qui, entre lui-même ou son frère, est le plus méritant sur le plan de la dévotion dans l’adoration de DIEU. Le Prophète (psl) lui demande quelles sont leurs pratiques ? L’homme répond que son frère est toujours présent à l’ouverture de la mosquée et ne la quitte qu’à sa fermeture. Le Prophète MOUHAMMAD lui dit que cela implique qu’il ne travaille pas et lui demande, dans ce cas, comment arrive-t-il à manger ? Il répond que c’est lui-même qui travaille et aide son frère en lui donnant à manger chaque fois qu’il rentre. Le Prophète lui déclare alors que c’est lui qui est meilleur en adoration que son frère qui passe tout son temps à prier dans la mosquée car : « Une seule poignée d’aliments avec laquelle on rassasie le ventre d’un quelconque individu vaut mieux que la construction de mille mosquées. »

Les enseignements (athars) de Seydina Ibrahim (Abraham) viennent appuyer cette pratique. Il y est en effet mentionné qu’ALLAH envoie à ce prophète Ibrahim l’archange Jibril (Gabriel) pour lui apprendre la valeur de l’action de grâce. « Jibril, raconte Ibrahim, m’est venu en forme humaine sans que je ne le reconnaisse, alors que je me préparais pour un long voyage à pied. On était sur le même chemin, quand tout à coup une grosse faim m’envahit. Je remarquais que mon compagnon de voyage avait par devers lui un récipient qui semblait contenir de la nourriture. Je lui posais la question à savoir s’il n’avait pas à manger dans son récipient. Il me répondit par l’affirmative en me signifiant que ce sont des beignets. Je lui demandais s’il voulait bien m’en offrir, il refusa et me dit que c’est à vendre. Je lui demandais le prix d’un beignet, il me dit que le prix du premier sera l’ensemble des prières que j’ai eu à faire jusque-là. La faim me tenaillait de sorte que j’ai fini par accepter le marché. »

Cependant ce premier beignet ne calme pas sa faim et Ibrahim demande un autre beignet. L’Archange lui réclame en échange tous ses jours de jeûne. Ibrahim, tenaillé par la faim, est contraint d’accepter. Il demande même un troisième beignet, contre lequel, cette fois-ci, Gabriel lui réclame tout le gain spirituel qu’il a eu en érigeant l’édifice de la maison sacrée (Kaaba) avec son fils Ismaël (Paix et salut sur eux). Il n’a pas le choix et accepte, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus rien pour payer un beignet. Alors Jibril se découvre, dans sa véritable forme angélique et lui signifie l’enseignement qu’il est venu lui prodiguer. Il lui dit « Abraham réfléchis ! Tu as près de 99 ans ; tu as adoré DIEU toute ta vie durant, jusqu’à t’éteindre en LUI. Tout ce que tu as eu en 99 ans je l’ai eu en quelques instants en te donnant juste à manger. Ton SEIGNEUR veut que tu sois du nombre des reconnaissants ; exécute l’action de grâce en donnant à manger. » Le Prophète Ibrahim appliquera la recommandation.

C’est donc en donnant à manger que l’homme peut rendre grâce à DIEU. Donner à manger est l’aspect apparent du thiant, la reconnaissance de celui qui le pratique en étant l’aspect caché.